Protection de l'environnement
La vie et le sel sont indissociables. Une petite prise de 4 à 6 grammes par jour nous suffit déjà. Trop de sel dans l’eau potable et dans les terres cultivables peut cependant empêcher toute vie. De ce fait, la salinisation et la désertification, quelles soient naturelles ou du fait de l’homme, sont souvent assimilées l’une à l’autre.
Ce qui était déjà un fléau dans la Bible est par contre une aubaine pour la conservation de denrées alimentaires. C’est pourquoi la gestion contrôlée et soigneuse du sel en tant que substance naturelle est d’une importance vitale dans les deux sens du terme.
Le sel, une matière première suisse accessible et écologique
Le sel est une matière première suisse encore suffisante pour des siècles. Notre sel est un présent du paléo-océan qui s’est évaporé il y a 200 millions d’années en laissant des couches de sel pouvant atteindre 100 mètres d’épaisseur dans le nord-ouest du pays, le Jura et le Plateau. Les couches de sel sont recouvertes de roches plus récentes.
Le principe de la technique ignigène, tel qu’il est appliqué par les Salines Suisses, est simple. Nous perçons les couches de sel à une profondeur de 140 à 400 mètres et pompons de l’eau potable vers le bas. Le sel se dissout, l’argile, le sable fin et des minéraux insolubles restent. Nous pompons la solution saline (saumure saturée) dans de grands réservoirs. Dans un premier temps, la saumure est adoucie par précipitation de sulfate de calcium et carbonate de calcium, puis chauffée dans des évaporateurs. L’eau s’évapore et un sel pur et fin se cristallise. La vapeur est à nouveau chauffée et utilisée. Nous conduisons l’eau résiduelle condensée dépourvue de minéraux dans le Rhin. Le sel est acheminé en vrac ou conditionné dans le cycle économique. Le plâtre et d’autres minéraux, produits sous forme de boue lors de l’adoucissement de la saumure, sont comprimés dans le sol, là où ils se trouvaient déjà auparavant.
Grâce à la récupération de chaleur, la production d'une tonne de sel consomme aujourd’hui 15 fois moins d’énergie qu’autrefois.
Le sel dans l’eau
Le sel est très soluble dans l’eau, raison pour laquelle pratiquement toutes les eaux contiennent naturellement du sel, respectivement des ions Na et chlorure. Les sources à teneur en sel et minéraux sont exploitées depuis des générations à des fins de consommation et dans des buts thérapeutiques, et la mer ne serait guère concevable sans sel.
Étant donné que le sel de cuisine ainsi que d’autres sels sont répandus dans la nature dans le cadre de nombreux processus industriels, par les eaux usées, par l’épandage de fertilisants et dans le cadre du service hivernal, un contrôle strict de la nappe phréatique et des cours d’eau est nécessaire à l’appréciation de leur qualité et d’éventuels risques sanitaires. L’identification, l’évaluation et la traçabilité du sodium et du chlorure sont, du moins en Suisse, un travail de routine réalisé en toute transparence.
La Suisse est membre de la Commission Internationale pour la Protection du Rhin et de ce fait coresponsable de la qualité de l’eau de cet important système fluvial européen. Les valeurs mesurées près de Bâle sont révélatrices de notre protection des eaux sachant qu’elles sont représentatives d’environ 70 % de la Suisse. Constatez par vous-même que la charge saline des eaux en Suisse n’est aucunement préoccupante.
Sel à dégeler – judicieux sur le plan écologique
Le service hivernal basé sur le sel à dégeler s’est sensiblement amélioré au cours des dernières années en raison du diktat économique et écologique. La technique du sel humide, la technique d’épandage à infrarouge et assistée par ordinateur, les diagnostics interconnectés sur l’état des routes, les informations météorologiques et l’optimisation de la planification des interventions y ont contribué. Le concept du « service hivernal différencié » établit des priorités clairement définies pour les routes à grand trafic et les tronçons réputés dangereux. Il est renoncé à un déneigement là où cela est raisonnablement acceptable. Aujourd’hui, 5 à 20 grammes de sel par mètres carrés au maximum sont répandus en fonction des conditions météorologiques.
Les conditions météorologiques exercent une influence à la fois majeure et incalculable sur la consommation de sel. Les quantités de sel vendues à l’année par les Salines Suisses varient entre 100 000 et 300 000 tonnes de sel à dégeler, soit environ 150 000 tonnes en moyenne pluriannuelle.
Le sel est incontestablement le moyen le plus efficace et le plus rentable pour assurer la sécurité sur routes verglacées. Il faut néanmoins toujours prendre en considération les avantages et les inconvénients en matière de sécurité routière, de coûts et d’impact environnemental. C’est pourquoi, la devise du service hivernal est : «Aussi peu de sel que possible, autant de sel que nécessaire».
Les gravillons en tant qu’arme antiglisse
Longtemps durant, le gravillon a été considéré comme l’alternative écologique au sel à dégeler. Toutefois, les gravillons enregistrent un mauvais score en termes de sécurité routière. En effet, les substances antiglisse sont sans effet en cas de givre et de verglas. Les analyses des accidents le prouvent clairement.
Lors d’une comparaison quantitative, les gravillons se situent à nouveau loin derrière, sachant que dix à vingt fois plus de gravillons que de sel à dégeler doivent être répandus pour un effet équivalent, les gravillons étant éjectés de la voie de roulement après 300 à 500 passages de véhicules et devant être de ce fait à nouveau répandus.
Les coûts d’achat, de transport, de stockage et d’épandage des gravillons sont d’autant plus élevés.. Par ailleurs, le ramassage qui dégage de la poussière, le recyclage complexe ou l’élimination en tant que déchets spéciaux ont également un coût élevé.
Source: Salz- und Splittstreuung im Winterdienst, neue Forschungserkenntnisse, Dr Beatrice Ruess, Strasse und Verkehr 1998.
Le sel et les arbres des rues
Le service hivernal qui avait recours au sel était autrefois partialement rendu responsable de l’état chétif des arbres, buissons et herbes qui bordent les rues. Les choses ont amplement changé depuis que les facteurs de stress pour les végétaux qui ont la ville et la rue pour espace vital sont mieux connus et systématiquement combattus. Constatez-le par vous-même.
Comparées aux hommes et aux animaux, les plantes ont uniquement besoin de faibles quantités de sel et y sont plus sensibles. Les plantes des lagunes et des plages maritimes sont bien adaptées aux variations de la concentration saline.
Là où les rues présentent une offre importante de chlorure, les arbres en absorbent une plus grande quantité. Ils peuvent toutefois emmagasiner le chlorure dans le bois et le maintenir ainsi à l’écart du métabolisme actif.
Une étude pluriannuelle réalisée sur des arbres bordant des allées à Hanovre a montré que les teneurs en chlorure sont soumises à de fortes variations sur une année et que des valeurs limites d’au maximum 0,3 %, pour lesquelles il est question d’un dommage, n’ont été atteintes ni dans les plantes, ni dans le sol. La majeure partie du sel est transportée dans les canalisations et les cours d’eau par la pluie et la neige fondue et, par conséquent, n’atteint pas la zone racinaire des plantes (cf. graphique « facteurs nuisibles »).
Facteurs de stress pour arbres de rues
- Situation du sol en bordure de rues
- Compactage du sol
- Restriction de la zone racinaire
- Manque d’eau, de substances nutritives et d’oxygène
- Salinisation du sol par le sel à dégeler
- Endommagement mécanique des racines
- Travaux sur conduites et canalisations
- Pollution (p. ex. huile pour moteur, excréments canins)
Facteurs de stress actifs à ciel ouvert
- Climat typique des grandes villes à « effet fournaise »
- Pollution de l’air sous forme de gaz et de poussière (émissions)
- Endommagement mécanique du tronc, des branches et des rameaux